En une vingtaine d’années, la Chine est devenue un acteur de premier plan en Afrique. Tous les trois ans, elle organise des sommets économique Chine-Afrique avec les leaders africains et elle investit massivement dans les infrastructures et les mines. Au cours des cinq premiers mois de 2023, le volume total des importations et des exportations entre la Chine et l'Afrique a atteint 113,5 milliards de dollars. Aussi, elle accueille chaque année des dizaines de milliers d’étudiants africains…. Une manière de former et d’influencer les futures élites de ce continent.
Les États-Unis ne sont pas en reste, Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, de passage au Nigéria, a fait passer le message que les États-Unis prennent très au sérieux le continent africain et ses populations et a promis une relance rapide des relations avec les dirigeants africains. Aussitôt dit, aussitôt fait, en décembre 2022, le 2ième sommet Etats-Unis-Afrique se tenait à Washington.
Dans le même temps, les anciennes puissances coloniales que sont la France et la Grande-Bretagne tentent de maintenir leur domination. L'Inde, le Brésil, la Turquie, l'Allemagne, la Russie, la Corée du Sud et le Japon sont également entrés dans la course et proposent différents types d'investissements ainsi que des offres de coopération.
Tous ces pays voient le potentiel offert par le continent africain marqué par la croissance rapide de sa classe moyenne nombreuse, par une population de plus en plus éduquée, par ses ressources naturelles abondantes. Qu’en est-il du Canada ?
ET LE CANADA ?
La relation intime du Canada avec le continent africain remonte au début du XXe siècle. Pendant des décennies, il a aidé de nombreux pays africains à construire des centres éducatifs (collèges, universités), des routes et ouvrages d’arts, à creuser des puits et des mines et aussi à maintenir la paix. Jusqu'au début des années 2000, la représentation canadienne était très présente et rayonnait en Afrique.
Puis vers 2010, la présence canadienne s'est lentement érodée sur le continent africain. Une des explications est que, compte tenu de sa position géographique, le Canada a préféré favoriser le développement de ses relations avec l'Amérique latine et la région Indopacifique. Cette situation a eu de profondes répercussions diplomatiques et économiques avec le continent africain.
Aujourd`hui, la présence économique canadienne en Afrique se limite essentiellement au secteur de l’exploration et de l’extraction minière, pétrolière et gazière.
Y A-TIL ENCORE DU POTENTIEL POUR LE CANADA ?
Suite à une enquête d'opinion Immar récemment publiée (https://www.immar-intl.com/) (Baromètre CIAN des leaders d'opinion en Afrique, réalisé par IMMAR) pour 12 pays africains regroupant près de 60% de la population du continent, le Canada se classe troisième (3e) derrière les États-Unis et l'Allemagne comme pays non africain ayant la meilleure image (la France est classée septième (7e)). A la question de savoir quels sont les partenaires étrangers les plus bénéfiques pour le continent, le Canada arrive deuxième après l'Allemagne (la France se classe onzième (11e)). On voit qu'il y a encore beaucoup de sympathie pour le Canada et son expertise.
Le Canada doit rapidement se mettre au travail pour rétablir la relation longue et profonde qu'il entretenait avec le continent africain. Il doit rapidement réaffirmer son engagement en renouant des contacts directs et réguliers avec les dirigeants africains, en rouvrant les ambassades et en multipliant les rencontres régulières entre dirigeants.
La diversification de l'économie africaine et la croissance de sa classe moyenne nécessitent des investissements massifs dans plusieurs domaines dont les infrastructures, les technologies de l'information et de la communication, l'énergie, l'agroalimentaire et les transports. Le Canada a les moyens, l'expertise et le savoir-faire pour soutenir l'Afrique.
Le 10 février dernier, au cœur du Sénat du Canada, la sénatrice du Canada d'origine camerounaise, l'Honorable Amina Gerba a appelé à l'éveil d'une relation Canada-Afrique pleine de potentiel, disant ceci : « Je réalise les rêves que le Canada signera un accord de libre-échange avec la Zlecaf (Zone africaine de libre-échange) et apposera sa signature sur l'inclusion de l'Afrique dans l'économie moderne au même titre que les autres grandes régions économiques du monde ».
Comme de nombreux Canadiens, elle est convaincue des liens de longue date et de l'énorme potentiel entre le Canada et ce continent essentiel qu'est l'Afrique… Le Canada a un passé là-bas, et pourrait avoir un très bel avenir !